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Charlot, Président du Comité Exécutif 

Si je fais de la politique, c’est en tant qu’homosexuel. Pour beaucoup d’entre nous, la création de KOURAJ est une révolution, le début d’un combat, mais pour moi c’est l’accomplissement de ce combat. Lorsqu’au moment de soumettre mon projet de mémoire sur l’homosexualité à la faculté de droit, mon professeur m’a dit qu’elle ne pouvait pas l’accepter en raison de ses convictions religieuses, j’ai fini de comprendre que nous n’avions pas d’autres choix que de nous engager maintenant afin que cela prenne fin. Je suis masisi et depuis l’âge de 18 ans, ma famille à force de combat m’a accepté, jusqu’à accueillir mon partenaire, pourtant j’ai vécu et je vis dans un quartier populaire. Je crois qu’il est possible d’être et de vivre en tant qu’homosexuel en Haïti, mais que c’est un droit que nous devons gagner.

 

Lorsque dans un pays, où l’école apparaît comme la seule solution d’ascension sociale, vos camarades de classe refusent que vous proposiez votre candidature pour être délégué parce que vous êtes trop efféminé, vous comprenez que la discrimination n’a pas de limites, qu’elle s’insinue partout, comme une mauvaise odeur et qu’elle vous marque. Je ne veux pas quitter ce pays et je ne veux pas que parce que l’on naît homosexuel ou transgenre on ait une vie encore plus difficile que celles que les jeunes vivent déjà. Je ne crois pas à ces discours qui disent que les droits humains et leur respect sont un luxe des pays riches, je crois au contraire que lorsqu’on est pauvre, la seule richesse que l’on a c’est le sentiment de notre propre dignité humaine.

Passe encore, les insultes, les coups, si seulement nous avions tous, nous homosexuels et transgenres, le sentiment de notre propre dignité humaine, mais face à cette stigmatisation permanente et brutale, beaucoup d’entre nous, si ce n’est la totalité ont perdu l’espoir de voir respecter leur propre dignité humaine.

 

C’est cela que je veux combattre, je veux combattre le fatalisme, je veux combattre la haine qui nous abaisse. KOURAJ n’est pas une solution à nos problèmes mais pour la première fois, c’est le signe que quelques homosexuels s’engagent, agissent, et surtout recommencent à croire en Haïti, une Haïti qui serait digne de son histoire et de son combat pour les droits de l’homme. Nous ne sommes pas nombreux, pas encore, mais cela va changer, KOURAJ, c’est l’étincelle, la possibilité d’une alternative à la souffrance et à l’endurance, c’est le moyen que nous avons choisi pour changer Haïti.

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